Piqûre de tique: quelle prise en charge par l’assurance ?
La saison des tiques commence au printemps avec l’arrivée des beaux jours. La piqûre de cet acarien peut avoir des conséquences pénibles pour la victime. Que faire en cas de découverte d’une de ces petites bestioles accrochée dans un pli de la peau ?
Table des matières
Sébastien Eich, médecin du travail à la Suva, fournit quelques rappels en cas de piqûres de tiques.
Sébastien Eich, médecin du travail à la Suva, fournit ci-après quelques rappels bienvenus sur les gestes à effectuer et quelques conseils sur le comportement à adopter en cas de piqûres de tiques, en regard notamment de la prise en charge par l’assurance.
La piqûre de tique: toujours un accident?
La piqûre de tique est considérée comme un accident. «Il s’agit, en effet, d’une atteinte dommageable, soudaine et involontaire, portée au corps humain par une cause extérieure extraordinaire. Un tel événement, s’il nécessite des soins, doit donc être annoncé à l’assurance-accidents de la victime le plus rapidement possible.» Pour le bon déroulement du suivi, il est indispensable que la victime collabore ouvertement avec son assurance en faisant preuve de transparence sur son dossier médical.
Documenter le cas
«En cas de doutes ou de symptômes particuliers, il est important de documenter au mieux cet évènement en notant la date exacte et le lieu de piqûre, ainsi qu’en prenant quelques photos et des notes sur l'évolution. Après avoir effectué les premières constations, la tique peut être enlevée. Une application mobile développée par ZHAW (la Haute école zurichoise des sciences appliquées) dénommée "Zecke"
Consulter son médecin
Tant que la partie lésée n’évolue pas défavorablement et sans symptôme particulier, il n’est pas nécessaire de se rendre chez le médecin. «En revanche, si une tâche rouge avec un centre pâle bien délimité apparaît dans les 3 à 30 jours après la morsure - éventuellement accompagnée de symptômes grippaux ou de fièvre…etc. – il convient de consulter son médecin traitant. En l’absence d’un érythème migrant simultané (rougeur), ces symptômes grippaux n’ont pas de lien probable avec une borréliose et ne sont donc pas pris en charge par la Suva. Le médecin prescrira probablement une prise d’antibiotique.»
Prise en charge ou non ?
Comment la Suva va-t-elle procéder en cas de maladie (borréliose, encéphalite à tique ou autre) qui serait consécutive à une piqûre de tiques? «Lorsque un assuré déclare une atteinte à la santé après une piqûre de tique, il revient au médecin expert d'apprécier si l’événement déclaré constitue bien l’origine des troubles constatés. En l'absence de certitude scientifique, ce médecin expert devra alors définir s’il existe des preuves prépondérantes permettant d’établir un lien de causalité entre la piqûre déclarée et les troubles subis.
La borréliose ou maladie de Lyme peut devenir chronique si elle n'est pas soignée à ses premiers stades par des antibiotiques. «Dans de rares cas, même des années après la morsure de tique, des manifestations peuvent survenir, comme des changements cutanés et une gêne articulaire. Le diagnostic de la maladie de Lyme et l'existence ou non d'un lien de causalité reposent alors essentiellement sur la chronologie et l’évolution de ces changements ainsi que des résultats des laboratoires.»
Lien de causalité
Présumer qu’il y ait un lien entre une maladie et la piqûre déclarée ne suffit toutefois pas à faire accepter un cas par l’assurance-accidents. «Pour prouver que ces troubles, souvent variés et non spécifiques, sont la conséquence de l’événement déclaré, le médecin expert devra avoir une vision large de l'événement et documenter la situation de santé de la victime avant et après cette piqure. C’est pour cette raison que l’assurance-accidents peut parfois demander de nombreux rapports de consultation et de biologie. L’expert pourra alors se positionner sur le lien de causalité sur la base d’un faisceau d'arguments mis au regard des connaissances et recommandations scientifiques.»
La prévention avant tout
Au regard de la loi et de l’équité de traitement des assurés, la Suva a l’obligation de se pencher sur chaque atteinte à la santé, borréliose, encéphalite à tique ou autre, afin de démontrer un lien de causalité prépondérant entre la morsure de tique et la maladie développée. Ce n’est qu’une fois ce lien prouvé qu’elle sera en mesure de prendre en charge le cas. Si le lien de causalité prépondérant ne peut pas être démontré, le cas ne pourra pas être accepté.
«Pour éviter d’en arriver à cette situation extrême, quelques moyens simples permettent de se protéger des tiques et des conséquences de leur piqûre:
- Éviter les taillis et les broussailles en forêt et au jardin pour ne pas entrer en contact avec des tiques.
- Porter des vêtements fermés de couleur claire (sur un fond clair, les tiques se voient mieux et s’enlèvent facilement avant d’avoir eu le temps de piquer leur hôte).
- Vaporiser un spray anti-tiques sur la peau et les vêtements.
- Examiner sa peau après toute activité en forêt ou au jardin.
- En cas de tique fixée sur la peau: l’enlever le plus rapidement possible en utilisant un tire-tique ou une pince à épiler.»
Enfin, même si cela ne diminue pas le risque d'être piqué, il est recommandé de se faire vacciner contre la MEVE (Méningo Encephalite Verno Estivale). «Pour cette maladie rare mais grave il n'existe pas de traitement spécifique. Le meilleur moyen de l'éviter est la vaccination.»
Informations de prévention
Page thématique: www.suva.ch/tiques.
App tique