Interview avec la médecin-cheffe de la division médecine du travail sur le transfert intelligent
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Anja Zyska est médecin-cheffe de la division médecine du travail à la Suva, la Caisse nationale suisse d’assurance en cas d’accidents. En tant que telle, elle est responsable de la prévention et de la gestion des maladies professionnelles. Elle joue un rôle clé dans le développement et la mise en œuvre des mesures pour la protection de la santé du personnel travaillant dans le domaine de la prévention des maladies professionnelles. Anja Zyska a une expérience complète dans la médecine du travail et joue un rôle essentiel pour promouvoir la sécurité et la santé au poste de travail en Suisse.
Du point de vue de la médecine du travail, dans quelle mesure pensez-vous que le « transfert intelligent » est important pour la protection de la santé du personnel dans le secteur de l’aide et des soins?
Anja Zyska: Du point de vue de la médecine du travail, le « transfert intelligent » permet de réduire de manière déterminante les contraintes physiques du personnel soignant et aidant. Combinée à une méthode de travail ergonomique, l’utilisation systématique de petits moyens auxiliaires réduit considérablement le risque de blessures et de douleurs chroniques lors de la manipulation de charges lourdes.
À quels risques spécifiques pour la santé le personnel soignant (et aidant), qui doit exécuter des travaux physiquement contraignants, est-il selon vous exposé?
Zyska: Le personnel soignant et aidant subit fréquemment des contraintes physiques dues en particulier au soulèvement et au déplacement de personnes. Cela peut entraîner à long terme des affections de l’appareil locomoteur, le plus souvent au niveau de l’épaule et du dos.
Selon vous, quels facteurs sont décisifs pour la réussite de la mise en œuvre du « transfert intelligent » dans les entreprises?
Zyska: Pour la réussite de la mise en œuvre du « transfert intelligent », le personnel d’encadrement doit avoir un positionnement fort, afin de garantir l’acceptation et la participation active du personnel. Pour cela, il faut également que celui-ci suive régulièrement des formations et ait des moyens auxiliaires adéquats à sa disposition.
Outre l’amélioration de la prévention des troubles physiques, dans quelle mesure le « transfert intelligent » soutient-il également la réadaptation?
Zyska: Le « transfert intelligent » ne favorise pas seulement la prévention, mais soutient aussi la réadaptation. En effet, il établit des méthodes de travail sans contrainte qui facilitent la réinsertion des collaboratrices et collaborateurs après des absences pour cause de blessure ou de maladie.
Quels avantages le principe « transfert intelligent » présente-t-il à long terme pour la santé dans le secteur de l’aide et des soins?
Zyska: À long terme, l’introduction de ce principe dans les entreprises concernées permet de réduire de manière significative les absences de courte durée, les douleurs chroniques et les incapacités de travail, ce qui améliore aussi bien la santé du personnel que la qualité de l’aide et des soins.
Quel rôle joue le développement continu du personnel soignant et aidant dans le contexte du « transfert intelligent » et quels contenus didactiques sont selon vous particulièrement importants?
Zyska: Le développement continu est essentiel pour s’assurer que le personnel soignant et aidant connaît et applique systématiquement les toutes dernières méthodes de travail et qu’il utilise les petits moyens auxiliaires en conséquence. Pour que le travail quotidien soit plus sûr, il est impératif de suivre des formations sur les méthodes de travail ergonomiques. Sur le site Internet de la Suva, vous trouverez des formations continues proposées par différents prestataires.
Dans quelle mesure la Suva soutient-elle concrètement les établissements de soins dans la mise en œuvre du « transfert intelligent »? Existe-t-il des programmes spéciaux ou des offres de conseil?
Zyska: La Suva soutient les établissements de soins avec des visites de contrôle et des conseils, un matériel de formation mis gratuitement à disposition sur suva.ch ainsi que le module de prévention « Parcours de moyens auxiliaires tirés de la valise », qui peut également être prêté à titre gracieux.
Recevez-vous des retours du terrain qui contribuent au développement du « transfert intelligent »? Dans quelle mesure le principe peut-il être adapté selon les exigences individuelles des entreprises?
Zyska: Nous recevons régulièrement des retours du terrain qui nous montrent où des adaptations sont nécessaires. Le principe « transfert intelligent » a été défini de manière à pouvoir être adapté aux diverses exigences et situations des entreprises.
Les résultats de recherches ou d’études actuelles attestent-ils que le « transfert intelligent » est bénéfique pour la santé? Comment la Suva utilise-t-elle ces données pour optimiser le programme?
Zyska: Les enquêtes actuelles attestent que le « transfert intelligent » est bénéfique pour la santé. Mais elles révèlent aussi que ce principe et l’utilisation de petits moyens auxiliaires pour le transfert de personnes à mobilité réduite sont peu ou à peine connus. Les données sont également utilisées pour améliorer le programme en continu et garantir qu’il est basé sur les toutes dernières découvertes scientifiques.
Quelles autres innovations prévoyez-vous pour continuer à améliorer la protection de la santé dans le secteur des soins? Comment le « transfert intelligent » pourrait-il être développé à cet effet?
Zyska: À l’avenir, nous développerons le « transfert intelligent » en intégrant par exemple de nouvelles technologies et des moyens auxiliaires numériques. De même, nous collaborons avec des développeurs de logiciels afin de reproduire les petits moyens auxiliaires dans le logiciel. Ces innovations ont pour but de renforcer et de garantir à long terme la prévention en matière de santé dans le secteur des soins.