Nos clients bénéficieront à nouveau de primes basses en 2024, malgré une année difficile pour les placements
En 2024, la Suva reversera également des excédents à ses clients et clientes sous la forme de primes plus basses. Hubert Niggli, chef du département finances et informatique, en explique les raisons.
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Hubert Niggli, malgré une année 2022 difficile pour les placements et un exercice qui s’est soldé par une perte, la Suva peut continuer à abaisser les primes de ses clients et clientes pour l’année 2024. Comment cela se fait-il?
L’année 2022 a effectivement été très difficile pour les placements. Grâce à une stratégie de placement diversifiée, nous avons pu éviter des pertes encore plus lourdes. Le fait que nous puissions continuer à abaisser les primes pour l’année 2024 en dépit d’un résultat d’exercice négatif tient avant tout à la solidité de la situation financière, autrement dit au quotient de solvabilité, de la Suva.
Dans quelle mesure le quotient de solvabilité influence-t-il le montant des primes?
Pour le dire simplement, plus le quotient de solvabilité est élevé, plus la possibilité de réduire les primes augmente. Mais laissez-moi vous rappeler que, même si la Suva est une entreprise à but non lucratif, elle est tenue par la loi de détenir des provisions pour prestations futures ainsi que des fonds propres suffisants. Les besoins en fonds propres sont déterminés par le quotient de solvabilité. Le quotient de solvabilité est important, car il nous permet d’avoir une vue globale de notre situation financière tout en tenant compte des risques d’assurance. À la date de clôture des comptes, le quotient de solvabilité est certes passé de 180 % à 151 %, mais il se situe toujours dans la moitié supérieure de la fourchette cible. La solvabilité dont nous disposons reste donc bonne et adéquate. C’est pourquoi le Conseil de la Suva, organe suprême de la Suva, a décidé de reverser à nos clients et clientes des excédents sous la forme de primes plus basses également pour l’année de primes 2024.
L’année boursière difficile n’a pas permis de générer des produits excédentaires du capital. D’où proviennent alors les excédents?
C’est vrai. L’année boursière 2022 ayant été difficile, il a fallu procéder à des corrections de valeur. Nous avons pu les compenser par le biais des réserves de fluctuation de valeur, que nous avons constituées à titre préventif pendant les bonnes années de placement précisément afin d’amortir de telles pertes sur les placements. Les excédents que nous reversons proviennent des très bonnes années de placement antérieures. Le Conseil de la Suva a donc décidé de poursuivre les reversements de produits excédentaires du capital réalisés au cours des années précédentes, malgré les pertes essuyées sur les placements en 2022. Concrètement, cela signifie une nouvelle réduction de prime de 20 % sur les primes nettes dans l’assurance contre les accidents professionnels (AAP) ainsi que dans l’assurance contre les accidents non professionnels (AANP) pour toutes les classes.
Qu’en est-il de la situation financière des branches d’assurance?
Là aussi, notre position est solide. Conformément aux dispositions légales, nous constituons des provisions pour tous les futurs droits aux prestations prévus par la loi, à savoir les frais de traitement, les indemnités journalières et les rentes d’invalidité découlant de l’ensemble des accidents et maladies professionnelles déjà survenus. Nous vérifions chaque année l’adéquation des provisions. Fin 2022, il est apparu que, s’agissant des rentes d’invalidité allouées, la tendance s’est stabilisée à un bas niveau. Il en résulte la dissolution de provisions correspondantes, ce qu’on appelle bénéfices de liquidation. Nous pouvons ainsi également réduire les excédents provenant des fonds actuariels de compensation et en reverser aux assurés.
Comment cela se traduit-il en chiffres?
Concrètement, cela signifie que nous reverserons en 2024 environ 800 millions de francs à partir de provisions excédentaires pour risques découlant des placements de capitaux, ce qui représente, comme l’année précédente, un rabais de 20 % sur les primes nettes. À cela viennent s’ajouter près de 50 millions de francs prélevés sur les fonds actuariels de compensation et une évolution favorable du risque, notamment dans l’assurance contre les accidents professionnels. Cela représente au total une réduction de prime moyenne supplémentaire de -5,9 % dans l’AAP et de -1 % dans l’AANP par rapport à l’année en cours. La charge totale des primes continue ainsi de baisser, pour atteindre son niveau le plus bas depuis l’introduction de la loi sur l’assurance-accidents en 1984.
Pourquoi parlez-vous de moyenne?
Les taux de prime appliqués au niveau de l’entreprise dépendent en principe des risques propres à l’entreprise ainsi que de la branche concernée. Par conséquent, les mesures concernant les primes 2024 ne seront pas systématiquement positives pour toutes les classes d’assurance et entreprises. Certaines d’entre elles verront leur prime majorée du fait d’une évolution négative.
Les primes baissent depuis trois ans. L’exception devient-elle la norme?
Ce serait souhaitable, mais nous ne pouvons hélas pas garantir des réductions de primes chaque année. Nous traversons actuellement une phase exceptionnelle de reversements, en conséquence de quoi les primes sont même inférieures à ce qui serait normalement nécessaire pour couvrir les coûts des accidents. Il est important de comprendre qu’une fois les reversements des excédents épuisés, les primes remonteront, à moyen terme, à un niveau normal. L’objectif principal de la Suva est de préserver les droits des assurés à tout moment et à vie.
De quels autres avantages les clients et les clientes bénéficient-ils?
En 2022, comme déjà les années précédentes, nous avons beaucoup investi dans la prévention et dans la numérisation de tous les processus. Cela concerne en particulier les grands projets liés à la gestion des cas et au portail clients. En outre, une nouvelle branche d’assurance, l’assurance-accidents des personnes pendant des mesures de l’AI, a été introduite. Malgré ces investissements, la croissance des frais d’exploitation a été nettement inférieure à celle des recettes, ce qui nous permet de procéder dans l’AANP, comme déjà l’année précédente, à une nouvelle réduction du supplément destiné au financement des frais d’exploitation, à hauteur d’un quart de point de pourcentage. Le taux s’élève désormais à 13,25 %. Le supplément pour les frais administratifs demeure inchangé à 12,5 % dans l’AAP.